Les sables de l’Amargosa, de Claire Vaye Watkins

Avec « Les sables de l’Amargosa » de Claire Vaye Watkins, j’avais l’impression que j’allais partir dans un roman post-apocalyptique tout ce qu’il y a de plus classique. Je me trompais. Il y a, certes, du roman « post-apo » dans cette lecture mais aussi beaucoup du « road-trip » et du « roman social » à la John Steinbeck.

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Un lecture riche, intense, qui mérite le détour !  Vous en doutez ? Lisez la suite !

De quoi ça parle ?

L’Amargosa c’est quoi ? C’est un désert, situé aux Etats-Unis, coincé entre la Californie et le Nevada, non loin de la bien-nommée Vallée de la Mort. Tout est dit. Dans le monde où Luz – ancien mannequin – et Ray – ancien surfeur « déserteur » –  évoluent, l’Amargosa a pris possession d’une partie des Etats-Unis. Une dune « mangeuse » de cités, d’hommes et de rêves. Une dune qui avance inexorablement. Un peu comme Luz et Ray qui partent avec une petite fille à la recherche d’un avenir meilleur, autre chose qu’une villa déserte dans un canyon encore plus désert.

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Dès lors, dès leur rencontre avec l’étrange petite fille au regard si intense, le récit tourne au road-trip vers « la colonie », un lieu « autre » où la dune et son avancée prend un autre sens. Où va les mener leur quête ? Vers un monde meilleur ou le désespoir ?

C’est à un véritable parcours initiatique sur fond de catastrophe climatique qu’on assiste dans ce roman. Luz, tantôt personnage détestable, tantôt touchante de naïveté, devient notre point d’ancrage dans un monde où plus rien ne semble tenir. Seuls restent les hommes ? Oui mais lesquels ? Ceux qui prospèrent sur cette catastrophe ? Ceux qui croient à un nouvel idéal amené par la dune ?

Et l’écriture dans tout ça ?

Claire Vaye Watkins a donné corps à ce monde dévasté : on y croit. Peut-être même parfois un peu trop. Le récit sonne comme une funeste prédiction, un futur plus que probable.

On y est : soif, sécheresse, soleil éblouissant, peur, méfiance, mais aussi humanité et espoir. Les descriptions font tout le sel de ce roman.

Avec un style dense dans sa traduction, l’autrice offre une galerie de personnages hors normes et pourtant diablement réalistes. Ses dialogues sont aiguisés et tranchants. Le style sert le sujet. La dune avance ? Le propos se fait plus vif, plus direct. La dune semble endormie ? Le récit s’étale avec une certaine langueur face au soleil brûlant.

Le récit se déstructure aussi parfois visuellement : on peut assister à une joute verbale, l’instant d’après aller vers une page de description minutieuse, pour terminer sur un cahier naturaliste.

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Qu’est-ce que j’en pense ?

J’ai adoré la partie road-trip, que j’ai trouvée très prenante. L’arrivée dans la colonie, que l’on attend comme un point final du récit sonne en réalité comme un nouveau départ. Au pied de la dune vit la colonie qui régulièrement doit bouger et vivre avec elle.

La dune, quant à elle, est un objet de vénération, de découvertes et de mystères. Le côté mystique rattaché à la dune permet d’apporter des questionnements sur la place de l’homme face à la nature. Doit-il lutter ? S’adapter ?

Autant j’ai trouvé les descriptions vraiment porteuses de sens, autant les pensées de Luz m’étaient difficiles à suivre, ses comportements étant, à mes yeux, parfois tellement erratiques que je n’arrivais plus à saisir leur essence.

Le roman permet de faire un constat sur le comportement humain, sur sa nature profonde qui change finalement peu même face à la catastrophe. Certains êtres humains profitent, et ont toujours profité, des catastrophes, des guerres, des changements, des instabilités pour endoctriner, pour endormir les consciences. C’est avant tout de cela que traite « Les sables de l’Amargosa ».

Il pose aussi la question de la survie et de l’adaptabilité. L’être humain peut-il résister à tout ?

Pas un coup de cœur mais presque, il a manqué un petit quelque chose au niveau de l’écriture pour que ce roman se hisse au niveau du coup de cœur. C’est néanmoins un excellent récit, qui chamboule grâce à son réalisme.

4/5

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