Un astronaute en bohême, de Jaroslav Kalfar

Et si on partait à la découverte du cosmos avec « Un astronaute en Bohême » de Jaroslav Kalfar ? 

Je dois dire que c’est la couverture de ce livre qui m’a tout d’abord attirée. Elle est tout simplement magnifique ! 

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Ensuite, ce qui m’a intriguée, c’est que le résumé laissait la part belle au merveilleux mais aussi aux relations humaines. Enfin, je dois dire que c’est la citation du New-York Times qui a fini de me décider. Voyez plutôt :

« Un premier roman à l’imagination frénétique qui bouillonne de vitalité et d’originalité. Le style de Kalfar est si unique qui laissera son empreinte. »

Je remercie donc les éditions Calmann-Lévy de m’avoir proposé ce livre.

Sans plus tarder, je vous embarque avec moi pour une petite sortie dans l’espace, suivez-moi !

De quoi ça parle ?

« Un astronaute en Bohême » nous propose de suivre Jakub Tchèque. Celui-ci a une enfance dorée en Tchécoslovaquie avec un père membre du Parti communiste Tchécoslovaque. Son monde s’écroule lors de la Révolution de Velours : c’est la fin de la  République socialiste tchécoslovaque. Il apprend également que son père jouait le rôle de bourreau au sein du Parti. D’ailleurs, une autre figure emblématique et mystérieuse de ce récit sera une des victimes de son père que Jakub croisera tout au long de sa vie.

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Plus tard, Jakub, devenu astrophysicien, se fait proposer d’aller dans l’espace en mission pour la République Tchèque. En effet, un étrange nuage a été repéré du côté de Vénus et la République tchèque veut devenir la première nation à aller l’analyser. La mission de Jakub consistera donc à étudier le nuage Chopra.

Le voilà donc parti à la conquête de l’espace laissant sur terre sa femme Lenka. Peu de temps après son départ, lors d’une communication avec la terre il apprend que Lenka le quitte. Dès lors, son monde s’écroule à nouveau. Les remises en question arrivent et avec elles, pourquoi pas la folie ?

Vous l’aurez remarqué, rien que le résumé est très foisonnant ! Il croise crise existentielle, science-fiction, aventure et contexte historique : bref un exercice de style périlleux pour l’auteur !  

Et l’écriture dans tout ça ?

Je dois dire que l’écriture de Jaroslav Kalfar est très surprenante dans le sens où il semble capable de mêler de nombreux codes de genre. Ce que j’ai le plus retenu, c’est sa capacité à lier ensemble des ingrédients qu’on ne pensait pas possible.

Je n’ai pas été surprise quand j’ai lu sur la quatrième de couverture que son professeur avait été Jonathan Safran Foer. En effet, on constate que le style (ou en tout cas ce que j’en devine à travers la traduction) est très similaire : dense, parfois alambiqué, tentaculaire.

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On trouve, tout au long du roman, un décalage de style certain entre les éléments de description et les dialogues. Les descriptions sont plutôt dans un langage soutenu voire recherché, alors que les dialogues sont plus simples, plus crus : c’est peut-être cet aspect qui fait toute la richesse du style de l’auteur finalement.

L’auteur a choisi d’imbriquer présent et passé. Ainsi, à un moment nous sommes dans la navette spatiale avec Jakub et au chapitre suivant on nous raconte son enfance. On comprend ainsi petit à petit comment Jakub en est arrivé là.

La première partie du livre est assez conventionnelle. C’est dans cette partie que l’on découvre l’enfance de Jakub et c’est aussi dans cette partie qu’on suit le décollage de la navette spatiale et qu’on comprend la mission de Jakub. A ce titre, je comparerais cette partie à une sorte de début de roman d’aventure.

La deuxième partie du livre, à mon avis, correspondrait plus à une sorte de récit de science-fiction matinée d’absurde.

Qu’est-ce que j’en pense ?

Jakub est clairement un personnage que j’ai eu du mal à cerner tout au long du récit. En fait, sa présence et comme évanescente et il semble complètement absent aux événements qui lui arrivent, comme détaché. Cela a grandement gêné ma lecture. Comme tout est vu par son filtre, on en vient à douter des personnages qui l’entourent : sa femme, son meilleur ami et même ses grands-parents. Je pense que cet effet style et volontaire mais pour ma part c’est ce qui a fait que cette lecture a été plutôt mitigée.

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« Un astronaute en Bohême » a finalement été un livre difficile à apprivoiser (en tout cas pour ma part).  J’ai eu un intérêt très prononcé pour ce récit lors des retours dans le passé où il est question du Parti communiste et du rôle du père de Jakub dans ce parti.

J’ai également aimé les moments en l’espace. Toutefois, je nuancerais ces derniers. En effet, à un moment du récit un événement se produit, qui peut être pris de deux façons. Soit on considère que Jakub est définitivement devenu fou (ce qui est tout à fait probable !). Soit on considère que le récit verse à ce moment-là dans de la science-fiction pure et dure et donc ce qui lui arrive est dans ce cas, tout à fait acceptable.

Il nous reste encore à aborder son histoire avec Lenka, sa femme. Sur ce point-là, je ne dirais pas qu’elle a été anecdotique mais en tout cas elle prend une place dans le récit bien moins grande que nous pourrions le penser. C’est effectivement l’élément déclencheur, cependant tout le récit n’est pas construit autour d’elle donc si vous recherchez une sorte de romance spatiale, je vous conseille de passer votre chemin.

Par contre, si vous êtes friands de questionnements sur notre utilité et sur le sens de ce que nous faisons, vous pourriez bien trouver ce que vous cherchez dans ce récit.

On adhère ou on n’adhère pas : l’avis est tranché ! Ce qui est sûr c’est que « Un astronaute en Bohême » dans sa construction du récit et dans la façon dont l’histoire est traitée est une sorte d’OVNI littéraire.

Pour ma part le bilan est en demi-teinte. Peut-être n’étais-je pas le bon public pour ce livre sachant que je ne suis pas une amatrice du style de Jonathan Safran Foer…

3/5

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